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JEAN JACQUES ROUSSEAU.

From hisÉmile ou de L’Education,” livre iv. (Profession de Foi du Vicaire Savoyard), Œuvres complètes. Paris, 1839, tome iii. pp. 365-367.

This famous French philosopher and rhetorician was born in Geneva, the city of Calvin, in 1712; and died, 287after a restless, changeful, and unhappy life, near Chantilly, in 1778. He did as much as any. writer, Voltaire not excepted, to prepare the way for the French Revolution, and the consequent overthrow of the whole social order in France. His life. is marked by a series of blunders, caprices, glaring inconsistencies, and violent changes from Calvinism to Romanism; from Romanism to infidelity; from infidelity to transient belief; from poverty and misery, persecution and exile, to glory and happiness, and back again to misery; from philanthropy to misanthropy; from sense to the very borders of insanity,—all illuminated by flashes of genius. tie was one of the most eloquent and fascinating, but also one of the most paradoxical and dangerous, of writers. He viewed every thing from his lively imagination, and wrote every line under the impulse of feeling and passion. His judgment was on the side of virtue and religion; but in his conduct he betrayed every principle he enjoined. He drew the most charming pictures of female loveliness, and married, after long-continued illegal intercourse, his servant,—a vulgar and ill-tempered woman. He rebuked the ladies of France for intrusting their children to nurses, and yet placed his own in a foundling-hospital. His remarkable testimony to Christ and the Gospels is the best thing he ever wrote, and will last the longest. It was written about A.D. 1760, and appeared in his famous work on education, which was condemned for its dangerous 288speculations on religion and morals by the Parliament of France, and caused his banishment from the kingdom. We quote it both in the original French and in an English translation:—

Je vous avoue aussi que la majesté des Écritures m’étonne, la sainteté de l’Évangile parle à mon cœur.2323   Var. Je vous avoue aussi que la sainteté de l’Evangile est un argument qui parle à mon cœur, et auquel j'aurais même regret de trouver quelque bonne réponse. Voyez les livres. . . . Voyez les livres des philosophes avec toute leur pompe; qu’ils sont petits près de celui-là! Se peut-il qu’un livre à la fois si sublime et si simple soit l’ouvrage des hommes? Se peut-il que celui dont il fait l’histoire ne soit qu’un homme lui-même? Est-ce là le ton d’un enthousiaste ou d’un ambitieux sectaire? Quelle douceur, quelle pureté, dans ses mœurs! quelle grace touchante dans ses instructions! quelle élévation dans ses maximes! quelle profonde sagesse dans ses discours! quelle présence d’esprit, quelle finesse et quelle justesse dans 289ses réponses! quel empire sur ses passions! Où est l’homme, où est le sage qui sait agir, souffrir et mourir sans foiblesse et sans ostentation? Quand Platon peint son juste imaginaire2424   De Rep. lib. i. couvert de tout l’opprobre du crime, et digne de tous les prix de la vertu; il peint trait pour trait Jésus-Christ: la ressemblance est si frappante, que tous les Pères l’ont sentie, et qu’il n’est pas possible de s’y tromper.2525   Cette ressemblance est le resultat général des deux premiers livres on dialogues du traité de Platon, intitulé De la République. Le passage le plus remarquable à ce sujet est celui qu’il met dans la bouche de son adversaires (tome ii. p. 361, E. édition de H. Etienne, ou tome vi. pp. 215 et 216, édition de Deux-Ponts). Quant aux Pères de l’Église dont il est question ici, voyez entre autres Saint Justin (Apologia prima, No. 5), et Saint Clément d’Alexandrie (Stromata, lib. iv.). Quels préjugés, quel aveuglement:2626   Var. . . Quel aveuglemnent ou quelle mourvaise foi ne. . . . ne faut-il point avoir pour oser comparer le fils de Sophronisque au fils de Marie? Quelle distance de l’un à l’autre! Socrate, mourant sans douleur, sans ignomie, soutint aisément jusqu'au 290bout son personage; et si cette facile mort n’eût honoré sa vie, on douteroit si Socrate, avec tout son esprit, fut autre chose qu’un sophiste. Il inventa, dit-on, la morale; d’atutres avant lui l’avoient mise en pratique: il ne fit que dire ce qu’ils avoient fait, il ne fit que mettre en leçons leurs exemples. Aristide avoit été juste avant que Socrate eût dit ce que c’étoit que justice. Léonidas étoit mort pour son pays avant que Socrate eût fait un dévoir d’aimer la patrie; Sparte étoit sobre avant que Socrate eût loué la sobriété; avant qu’il eût défini la vertu, la Grèce abondoit en hommes vertueux. Mais où Jesus avoit-il pris chez les siens cette morale élevée et pure dont lui seul a donné les leçons et l’exemple?2727   Voyez, dans le discours sur la montagne, le parallèle qu’il fait lui-même de la morale de Moïse à la sienne Matt. cap. v. vers. 21 et seq. Du sein du plus furieux fanatisme la plus haute sagesse se fit entendre, et la simplicité des plus héroïques vertus honora le plus vil de tous les peuples. La mort de Socrate, 291philosophant tranquillement avec ses amis, est la plus douce qu’on puisse desirer; celle de Jésus expirant dans les tourments, injurié, raillé, maudit de tout un peuple, est a plus horrible qu’on puisse craindre. Socrate prenant la coupe empoisonnée bénit celui qui la lui présenté et qui pleure; Jésus, aux milieu d’un supplice affreux, prie pour ses bourreaux acharnés.

Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jesus sont d’un Dieu. Dirons-nous que l’histoire de l’Évangile est inventée à plaisir? Mon ami, ce n’est pas ainsi qu’on invente; et les faits de Socrate dont personne ne doute, sont moins attestés que ceux de Jésus-Christ. Au fond, c’est reculer la difliculté sans la détruire; il seroit plus inconcevable que plusieurs hommes d’accord2828   Var. . . . . que quatre hommes d’accord. . . . A la suite de ces mots est une note ainsi conçue: Je veux bien n’en pas compter davantage, parceque leurs quatre livres sont les seules vies de Jésus-Christ qui nous sont restées du grand nombre qui avoient été écrites. 292eussent fabriqué ce livre, qiu’il ne l’est qu’un seul en ait fourni le sujet. Jamais des auteurs juifs n’eussent trouvé ni ce ton, ni cette morale; et l’Évangile a des caractères de vérite si grands, si frappants, si parfaitement inimitables, que l’inventeur en seroit plus étonnant que le heros.2929   Dans une lettre à M. de . . ., datée de 1769, Rousseau revient encore sur ce parallèle établi par lui entre Jésus et Socrate; et ne supposant aucun caractère divin ni mission surnaturelle au sage hébreu, qu’il oppose de nouveau au sage grec, il présente sur les vue et la conduite du premier des considérations toutes nouvelles. Voyez la Correspondance. Avec tout cela, ce même Évangile est plein de choses incroyables, de choses qui répugnent à la raison, et qu’il est impossible à tout homme sensé de concevoir ni d’admettre. Que faire au milieu de tontes ces contradictions? Étre toujours modeste et circonspect, mon enfant; respecter en silence ce qu’on ne sauroit ni rejeter, ni comprendre, et s’humilier devant le grand Étre, qui seul sait la vérité.

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“I will confess to you, that the majesty of the Scriptures strikes me with admiration, as the purity of the gospel has its influence on my heart. Peruse the works of our philosophers, with all their pomp of diction, how mean, how contemptible, are they, compared with the Scriptures! Is it possible that a book, at once so simple and so sublime, should be merely the work of man? Is it possible that the sacred personage whose history it contains should be himself a mere man? Do we find that he assumed the tone of an enthusiast or ambitious sectary? What sweetness, what purity, in his manner! What an affecting gracefulness in his instructions! What sublimity in his maxims! What profound wisdom in his discourses! What presence of mind, what subtlety, what fitness, in his replies! How great the command over his passions! Where is the man, where the philosopher, who could so live and so die, without weakness, and without ostentation? When Plato describes his imaginary righteous man, 294loaded with all the punishments of guilt, yet meriting the highest rewards of virtue, he describes exactly the character of Jesus Christ: the resemblance is so striking, that all the Church Fathers perceived it. What prepossession, what blindness, must it be to compare the son of Sophroniscus to the son of Mary! What an infinite disproportion there is between them! Socrates, dying without pain or ignominy, easily supported his character to the last; and, if this easy death had not crowned his life, it might have been doubted whether Socrates, with all his wisdom, was any thing more than a mere sophist. He invented, it is said, the theory of ethics. Others, however, had before put them into practice: he had only to say, therefore, what they had done, and to reduce their examples to precepts. Aristides had been just before Socrates defined justice. Leonidas had given up his life for his country before Socrates declared patriotism to be a duty. The Spartans were a sober people before 295Socrates recommended sobriety. Before he had even defined virtue, Greece abounded in virtuous men. But where could Jesus learn, among his cotemporaries, that pure and sublime morality of which he only had given us both precept and example? The greatest wisdom was made known among the most bigoted fanaticism; and the simplicity of the most heroic virtues did honor to the vilest people on earth. The death of Socrates, peacefully philosophizing among friends, appears the most agreeable that one could wish: that of Jesus, expiring in agonies, abused, insulted, and accused by a whole nation, is the most horrible that one could fear. Socrates, indeed, in receiving the cup of poison, blessed the weeping executioner who administered it; but Jesus, amidst excruciating tortures, prayed for his merciless tormentors.

“Yes, if the life and death of Socrates were those of a sage, the life and death of Jesus are those of a God. Shall we suppose the evangelical history a mere fiction? Indeed, my 296friend, it bears no marks of fiction. On the contrary, the history of Socrates, which no one presumes to doubt, is not so well attested as that of Jesus Christ. Such a supposition, in fact, only shifts the difficulty without obviating it: it is more inconceivable that a number of persons should agree to write such a history, than that one should furnish the subject of it. The Jewish authors were incapable of the diction, and strangers to the morality contained in the gospel. The marks of its truth are so striking and inimitable, that the inventor would be a more astonishing character than the hero. With all this, the same gospel is full of incredible things which are repugnant to reason, and which it is impossible for a sensible man to conceive and to admit. What shall we do in the midst of all these contradictions? We should be always modest and circumspect, my child; respect in silence what we can neither reject nor understand; and humble ourselves before that great Being who alone knows the truth.”

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